Retour à la table des matières

Annexes

Consonnes devenant sonores dans un mot composé (ka->ga, etc)

Un phénomène très courant affecte la prononciation des mots composés (écrits en général avec deux kanji) : lorsque l'un des deux éléments commence par une consonne sourde (par exemple s, t, k, h), cette consonne devient sonore (respectivement z, d, g, b). Par exemple, まき + すし donne まきずし ( 巻寿司 , nom de plat) et non まきすし . En japonais écrit, la forme sonore est transcrite avec les deux petits traits en haut à droite du kana. Il arrive parfois qu'un h se transforme en un p et non en un b.

Ce phénomène, connu sous le nom de rendaku ( 連濁 ), peut être observé de nombreuses fois dans ce lexique. Il est donc très utile de bien le comprendre lorsqu'on apprend les prononciations des mots composés. Retenez les règles suivantes :

  • Il faut bien sûr que la consonne soit sourde, et qu'elle possède une forme sonore. En pratique, il suffit, face à un kana, de se demander si on peut rajouter deux petits traits en haut à droite : c'est possible pour les séries か , さ , た et は .


  • Ce phénomène apparaît principalement avec des composants d'origine japonaise, autrement dit lorsqu'on utilise la prononciation KUN du kanji correspondant.


  • S'il y a déjà, avant application du rendaku, une autre consonne sonore dans le second composant du mot, la première consonne restera sourde. Par exemple, おんな + ことば donne おんなことば ( 女言葉 , langage féminin) et non おんなごとば , parce que ば est sonore. Ce principe est connu sous le nom de "loi de Lyman".


  • Les deux éléments doivent réellement se fondre dans un mot. Lorsque deux éléments sont simplement juxtaposés pour former une expression courante, même si elle est entrée dans le dictionnaire, il n'y aura pas de rendaku. Exemple : les termes formés de 見 ( み ) suivi d'un élément verbal : 見積 ( みつもり ), 見返す ( みかえす )...


  • Une variante de cette règle s'applique aux composants chinois : si le premier composant se termine par ん et que le deuxième composant commence par l'une des syllabes de la série は ( は , ひ , ふ , へ , ほ ), alors le son "h" du second élément devient un son "p". Autrement, dit, le は devient un ぱ , le ひ devient un ぴ , etc. Exemple : せん + はく donnent せんぱく ( 船舶 , le bateau).


  • Enfin, vous trouverez des exceptions à ces règles. Nulle grammaire n'est parfaite !
  • Choisir entre les prononciations d'un kanji

    C'est une caractéristique irritante du système d'écriture japonais : on a beau connaître les kanji et leurs prononciations, on ne sait pas prononcer un mot écrit parce que chaque kanji a plusieurs prononciations possibles. Voici un rappel des principes de base.

  • Généralités - un kanji a une ou plusieurs prononciations sino-japonaises (ON) et une ou plusieurs prononciations japonaises (KUN). Une prononciation sino-japonaise correspond à la prononciation chinoise altérée selon les règles phonologiques du japonais ; il y en a plusieurs parce que le japonais a emprunté des termes au chinois à des époques différentes, et la prononciation chinoise a évolué entre temps. Comme les mots chinois sont monosyllabiques, les prononciations ON sont en général courtes : une syllabe, éventuellement suivie d'une syllabe "faible" (terminée par "u" ou "i"). Les prononciations japonaises, par contre, peuvent faire une, deux, trois, quatre syllabes et plus. Exemple : 政 (politique, gouvernement) a deux prononciations ON : セイ et ショウ , plus deux prononciations KUN : ま ん et まつりごと . Il est d'usage de transcrire les prononciations ON en katakana (puisqu'elles ont une origine étrangère) et les prononciations KUN en hiragana. Les kanji ont aussi parfois des prononciations "exceptionnelles", utilisées dans certains mots : ainsi 政 est utilisé pour transcrire les noms propres Tadashi et Masakatsu.


  • Un seul kanji suivi de désinences transcrites avec des hiragana - le kanji est alors utilisé dans sa prononciation KUN. C'est le cas de nombreux verbes et adjectifs en -i.


  • Mots composés de plusieurs kanji - ceux-ci sont en général pris avec leur prononciation ON. Il y a de nombreuses exceptions, en particulier lorsque le mot est construit comme une locution associant une racine verbale à une autre racine. Il est alors fréquent que le mot ait deux transcriptions différentes, l'une des deux intercalant un hiragana. Par exemple, すてご (enfant abandonné) peut s'écrire 捨子 ou 捨て子 ( 捨てる = abandonner).
  • Il arrive aussi qu'une prononciation ne soit utilisée que dans des situations particulières, par exemple lorsque le kanji est utilisé comme suffixe, ou lorsqu'il prend une certaine signification. Certains de ces cas sont mentionnés dans ce lexique.

    Apparition du petit tsu ( ) dans les mots composés

    Exemple : がく ( 学 ), composé avec こう ( 校 ), donne がっこう ( 学 校 , école). La dernière syllabe du premier composant a été transformée en petit tsu っ . Voici quelques règles à retenir au sujet de ce phénomène :

  • Les syllabes susceptibles d'être transformées en petit tsu sont き , く , ぐ et つ . Un phénomène semblable apparaît avec d'autres caractères, mais de manière moins systématique.


  • Le premier composant doit être utilisé dans une prononciation ON (sino-japonaise). Lorsque le kanji est utilisé dans une prononciation KUN (japonaise), la transformation n'a pas toujours lieu. Exemple : くつ + ひも = くつひも ( 靴紐 , lacet de chaussure).


  • La transformation n'a lieu que si la syllabe est suivie d'un autre kanji qui fait clairement partie de la même unité de sens. Par exemple, le く de か . がく . き . ごう ( 化学記号 , symbole chimique) ne se transforme pas en petit tsu parce que le kanji en question 学 se rattache sémantiquement au kanji précédent et non au kanji suivant : 化学 = "chimie", 記号 = "symbole". Remarque : lorsqu'un mot comprend un nombre pair de kanji, il suffit en général de les regrouper deux par deux pour isoler les unités de sens.
  • Sous réserve de ce qui précède, la transformation survient dans les cas suivants :

  • き , く ou つ suivi d'une syllabe commençant par le son k ( き , か , こ , きゅ , etc).


  • つ suivi d'une syllabe commençant par le son h, qui est lui-même transformé en p. Par exemple, がつ + ひ donnent がっぴ ( 月日 , date).


  • つ suivi d'une syllabe commençant par le son s ( せ , し , etc). Par exemple, しゅつ + せき donne しゅっせき ( 出席 , présence).
  • Verbes transitifs, verbes intransitifs

    On rencontre fréquemment des paires de verbes transitif/intransitif, qui ne se distinguent que par leur terminaison. Il n'est pas toujours facile de deviner quel est le verbe transitif et quel est le verbe intransitif. Voici quelques cas où la terminaison suffit généralement à déterminer le statut du verbe :

  • Si l'un des deux verbes se termine par -su, il est transitif.


  • Si l'un des deux verbes se termine par le son -aru, il est intransitif. Un cas très courant est celui des formes en -maru et -meru : 始める (commencer qqc) / 始まる (commencer à faire qqc), 止める (stopper qqc) / 止まる (s'arrêter).


  • Si l'un des deux verbes se termine par -mu et l'autre par -meru, celui qui se termine par -mu est intransitif.
  • Au passage, si vous utilisez un dictionnaire japonais, sachez que les verbes intransitifs sont appelés 自動詞 ( じどうし , mot qui bouge par lui-même), et les verbes transitifs 他動詞 ( たどうし , mot qui fait bouger autre chose).

    Changements de sens d'un kanji

    Dans un monde idéal, un kanji correspondrait toujours à un et un seul sens précis. Le japonais n'est pas une langue parfaite, c'est une langue vivante. Par conséquent, chaque kanji a souvent des sens assez différents. Un kanji très connu comme 生 peut signifier "vie", "personne vivante", "grandir", "originel"...

    En pratique, on en apprend seulement certaines de ces significations, et on passe aux autres par des transformations de sens plus ou moins conscientes. Il est utile, lorsqu'on étudie un kanji, de bien noter quelles transformations de sens sont utilisées afin de graver le sens du kanji avec plus de précision dans son esprit. Voici les transformations les plus courantes :

  • D'une chose qui a une qualité à une autre chose qui a la même qualité - Exemple : 気 désigne des choses invisibles, mobiles et changeantes : l'air et notre état d'esprit. 気 est donc la partie inconstante et capricieuse de notre cerveau, par opposition à la faculté raisonnante.


  • De la qualité à la chose qui a cette qualité - Exemple : 空 désigne le vide, et aussi une chose qui semble bien vide : le ciel. Inversement, 石 est une pierre ou le volume d'une pierre. 耳 est l'oreille, mais aussi l'audition.


  • Du particulier au général - 車 est d'abord un véhicule, mais il est parfois utilisé pour d'autres mécanisme à roue comme 風車 (moulin, ふうしゃ ). On peut aussi aller du contenant au contenu. Par exemple, 文 est utilisé aussi bien pour des textes écrits que pour des phrases à l'intérieur de ce texte.


  • De l'action à son résultat - 下 désigne le bas dans 下 ( した ), mais aussi le mouvement vers le bas dans 下りる ( おりる ). 力 est d'abord la force, mais aussi le pouvoir que l'on obtient grâce à la force. Il peut aussi s'agir d'une relation entre l'objet et sa matière : 金 désigne à la fois ce qui sert à payer et l'or qui est utilisé pour fabriquer les pièces.


  • Du sens neutre au sens imagé - Exemple : le même 下 indique que la personne qui reçoit est inférieure à celle qui donne dans 下さ る ( くださる , donner).
  • Attention, je ne prétends pas que le sens de ces kanji a réellement évolué de cette manière au cours des siècles, mais que notre cerveau, aujourd'hui, peut suivre ce parcours pour relier les significations les unes aux autres.

    La construction du sens des mots composés

    Un mot composé contient deux éléments ou parfois plus. A chaque élément correspond un kanji dans la transcription du mot. Déduire le sens d'un mot composé à partir du sens de ces kanji n'est pas une tâche facile. C'est d'ailleurs l'objet principal de ce lexique. La première raison est que chaque kanji a plusieurs sens différents, ce qui a été étudié dans l'annexe précédente. La deuxième est que, même en connaissant la signification précise de chaque kanji, il faut choisir une manière de combiner ces significations pour produire celle du mot entier.

    Cette annexe esquisse une classification des relations entre les éléments d'un mot composé. Chaque mot du lexique peut ensuite être mentalement rattaché à l'une des classes définies. Ici encore, ce qui suit n'a aucune prétention scientifique. Il ne s'agit pas de savoir comment le vocabulaire d'une langue s'est construit, mais comment l'esprit peut le reconstruire aujourd'hui.

    On suppose que le composant contient deux éléments, X et Y. Les combinaisons de sens les plus courantes sont les suivantes :

  • Doublement du même composant : X + X - Le mot contient deux fois le même kanji. Ce mode de formation de mots est très courant en japonais. Notez que la prononciation du second X est parfois un peu différente de celle du premier X à cause du phénomène du rendaku (voir l'annexe sur les consonnes devenant sonores dans un mot composé). Sur le plan du sens, le résultat est une répétition ou un renforcement du sens d'origine. Exemple : tandis que 度 sert à compter le nombre de fois où un phénomène survient, 度度 indique qu'une action survient un grand nombre de fois, c'est-à-dire "souvent" (répétition). Le second kanji est parfois remplacé par le signe 々 : 広々 ( ひろびろ ).


  • Juxtaposition de deux composants synonymes : X + X' - X et Y ont à peu près le même sens. Le résultat est alors un mot qui a lui aussi le même sens. Exemple : 活気 (énergie, vivacité, かっき ). Ce mode de formation est à peu près inconnu en français.


  • Juxtaposition de deux composants de sens opposé : X + -X - X et Y ont des sens opposés. Il y a deux types de résultats. Soit le mot désignera l'ensemble formé par deux choses de sens opposé. Par exemple, 左右 (gauche-droite) signifie "la gauche et la droite". Soit le mot désignera l'axe selon lequel ces deux sens s'opposent. Exemple : 強弱 = fort-faible = "puissance, intensité". Ce mode de formation est lui aussi propre à la langue japonaise.


  • Précision du premier terme par le second - Le sens du mot complet est alors : (faire) l'action X d'une manière telle que Y peut s'appliquer au résultat de X. Exemple : 書き直す kakinaosu signifie "écrire d'une manière telle que l'on remet en place ce que l'on écrit", c'est-à-dire "recopier, mettre au propre". Autre exemple : 想 像 désigne une "activité de la pensée" ( 想 ) telle que son résultat (ce qu'elle se représente) est comme une "image" ( 像 ) du monde extérieur : d'où la traduction "imagination, supposition". Ce type de composition n'est pas toujours facile à repérer.


  • Modification de second élément par le premier - Ce schéma reprend le grand principe de la syntaxe japonaise, qui veut que ce qui qualifie (adjectif, complément du nom, proposition relative) vienne avant ce qui est qualifié (nom, antécédent). Par exemple, 悪用 (mauvais + utilisation) désigne le fait de mal utiliser quelque chose. Ces composés sont les plus courants, et ils sont faciles à comprendre pour un Occidental. En effet, ce type de combinaison de sens est courant en français (exemple : "anticonstitutionnellement", ou X = "anti" et Y = "constitutionnellement"), et plus encore en anglais, où les spécialistes du marketing prennent plaisir à étendre indéfiniment les groupes nominaux vers la gauche ("we provide state-of-the-art secure and open business-to-business software solutions").
  • Pour en savoir plus

    Voici quelques références qui m'ont été utiles et qui peuvent vous permettre d'approfondir les sujets abordés dans cet ouvrage.

  • FAQ de fr.lettres.langue.japonaise - Le recueil de questions fréquemment posées du forum fr.lettres.langue.japonaise vous donnera de nombreux liens et informations sur des méthodes d'apprentissage du japonais.


  • Loi de Lyman - Un exposé détaillé du phénomène du rendaku et de la loi de Lyman se trouve sur http://kuzan.f-edu.fukui-u.ac.jp/lyman.txt.

  • Contact : Thierry Bézecourt
    Version : 12 février 2002